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et, le même jour, les quatre docteurs signèrent un rapport constatant les résultats de leur visite. Il y était dit que la princesse, née de parents phthisiques, présentait les symptômes du mal héréditaire ; qu’elle était sujette aux affections inflammatoires ; que, souvent, après ses promenades sur les remparts, elle avait eu à souffrir d’une petite toux sèche dont le caractère était alarmant ; que sa santé réclamait des précautions sérieuses, et qu’elle devait, notamment, s’imposer l’obligation de ne sortir que vers le milieu du jour, en recherchant les endroits abrités, surtout dans une citadelle où le froid se faisait vivement sentir et qu’avoisinait un fleuve fréquemment couvert d’épais brouillards[1].

Livrés au Moniteur, de semblables détails auraient démenti les bruits injurieux répandus depuis quelque temps, et, en montrant que le séjour de Blaye n’était pas sans danger, ils auraient forcé le gouvernement, ou à mettre la princesse en liberté, ou à lui assigner une autre prison. Il le comprit et s’empressa d’enfouir le rapport dans les archives du ministère de l’intérieur, convaincu que la duchesse de Berri était grosse, et résolu ne point perdre d’avance le bénéfice d’une révélation qui devait accabler le parti légitimiste. Et il fallait que la Cour fût bien fortement tentée par l’appât de ce honteux bénéfice ; car, plutôt que d’y renoncer, elle affronta les suites d’un accident, qui commenté par les haines de parti, éternellement injustes, pouvait devenir contre elle le texte des plus effroyables imputations. Mais ces sortes de folie sont communes

  1. Voir aux documents historiques, n° 1.