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tique du règne de Louis-Philippe, produisit dans l’assemblée l’impression la plus profonde. L’amendement fut rejeté. M. Thiers n’avait certainement pas tort de montrer dans la Société des Droits de l’Homme une armée qui, secouant la guerre sur la nation, pouvait d’un instant à l’autre changer pour la France le cours apparent de la destinée. Sans la loi contre les associations, non telle que l’entendait l’Opposition dynastique, mais telle que le gouvernement la demandait, c’en était fait de la monarchie constitutionnelle ; rien de plus certain, et ceux qui en doutaient, comme MM. Bignon, Bérenger, Odilon Barrot, ne savaient pas combien il y aurait eu dans la démocratie organisée, de puissance et de vigueur. Oui, M. Thiers avait raison de dire : Tout cet arbitraire, il nous le faut, ou nous sommes perdus. Mais cet aveu même était une condamnation sans appel du système représenté par l’orateur. Quel régime, en effet, que celui qui, pour se maintenir, avait besoin d’aussi dévorantes ressources ! Quel régime que celui qu’on déclarait d’avance dissous, si l’on ne se hâtait d’y mettre à la merci de sept ou huit hommes, à la merci de leurs caprices, le plus nécessaire et le plus sacré de tous les droits ! La faiblesse et l’illégitimité d’un pouvoir se mesurent à l’étendue des ressources qu’il épuise. Il est indigne de vivre, si les intérêts qu’il arme contre lui sont assez nombreux et assez forts pour que le contact de la liberté lui soit mortel et s’il ne lui est donné d’exister qu’à la condition d’absorber toute la sève d’un peuple, pourquoi donc existerait-il ?

On le voit, pour combattre efficacement la loi,