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de discordes et écoles de sédition ; que la force du gouvernement, dans un pays de trente-deux millions d’hommes, résultait, non pas de son empire sur quelques milliers de fonctionnaires et sur deux ou trois cent mille soldats, mais de la faculté qu’il avait de faire pénétrer partout sa volonté, d’agir avec ensemble au moyen d’une hiérarchie savamment constituée, d’être, en un mot, partout présent à la fois ; que laisser à de simples individus une faculté aussi précieuse, c’était déplacer le pouvoir à leur profit et leur communiquer toute la force du gouvernement ; qu’il y avait là un danger incalculable ; que l’État était perdu, pour peu qu’on laissât la régularité s’introduire dans la révolte, pour peu qu’on permît à l’anarchie de se discipliner ; que la loi contre les associations était, par conséquent, une loi de salut ; que, quant à l’amendement de M. Bérenger, il mettait entre les mains du pouvoir une arme chimérique, puisque toute association dissoute se reconstituerait aussitôt sous un autre nom, et morte comme Société des Droits de l’Homme, revivrait comme Société des Amis du Peuple ; que, pour ce qui était de l’abus possible de la loi, les esprits devaient se rassurer, le gouvernement n’ayant aucun intérêt à interdire les associations industrielles, scientifiques, littéraires, religieuses, ou de bienfaisance, et n’étant intéressé qu’à la disparition dés sociétés politiques, camps-retranchés de tous les factieux.

Ce discours, que M. Thiers termina par un retour habile et vif sur la politique de l’Empire et sur celle de la Restauration, comparées à la poli-