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presse ministérielle, par une insinuation grossière, indiqua qu’ils étaient appelés à résoudre un cas de médecine légale.

L’émotion fut profonde dans le public. Quant aux légitimistes, ils affectèrent de grandes terreurs M. Auvity, sous la Restauration, avait donne des soins à Marie-Caroline, il était donc naturel que les ministres l’eussent désigné ; mais, ce qui ouvrait carrière à des suppositions sinistres, c’était le choix fait par eux de M. Orfila, habile dans l’art de découvrir les traces du poison. « Vienne une fatale nouvelle ! écrivait une feuille dévouée à la mère du duc de Bordeaux ; vienne une fatale nouvelle ! et, sur notre foi, nous jurons qu’on ne demandera pas où sont les royalistes. Une vie ne peut être payée que par une autre vie. » Au fond, rien n’était moins sincère que toutes ces craintes et toutes ces menaces. Le roi et ses ministres avaient ce que la duchesse de Berri ne mourut pas en prison, un intérêt qu’il était aussi absurde qu’injuste de méconnaîre. Et les supposer indifférents à la conservation des jours de la prisonnière, c’était les calomnier avec une maladresse gratuit. Mais telle est la logique des passions de parti : offensé dans la personne de celle qu’il avait placée sur le trône élevé par ses illusions, le parti royaliste rendait aux défenseurs de la dynastie nouvelle outrage pour outrage, et répondait à des soupçons bassement propagés par des accusations folles.

Le 24 janvier, MM. Orfila et Auvity arrivèrent à Blaye ; le 25, ils furent admis auprès de la princesse, en même temps que MM. Gintrac et Barthez ;