Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sympathies et des espérances qui ne demandaient qu’à être encouragées ; enfin, ils se combinaient avec les efforts du parti démocratique dans le Jura, à Lyon, et à Grenoble. Sous tous ces rapports, ils valent que nous leur consacrions quelques pages ; d’autant qu’ils ont été jusqu’ici imparfaitement connus et mal appréciés.

De conspirateur, Charles Albert était devenu roi de Sardaigne. Ses trahisons n’étaient un mystère pour aucun de ses anciens complices. Et cependant quand elle vit un des siens sur un trône, la vieille charbonnerie ne put se défendre d’un tressaillement d’orgueil et d’espoir. Le monarque ne tiendrait-il pas quelques-unes des promesses du prince ? Plusieurs le crurent, et une lettre fut publiée qui lui rappelait son passé. Charles Albert y répondit par des poursuites, par des menaces de proscription. Les patriotes italiens comprirent alors qu’un prince qui les avait eus pour confidents ne pouvait plus être que leur ennemi. L’association, connue sous le nom de la Jeune Italie, s’organisa.

A la différence du carbonarisme qui avait été sceptique et libéral, la Jeune Italie fut profondément religieuse et démocratique. Elle avait pour fondateur et pour chef M. Mazzini, pour but l’indépendance et l’unité de l’Italie, pour symbole une branche de cyprès, pour devise ces mots : Maintenant et toujours (ora e semprè), pour moyens l’insurrection et la propagande, l’épée du conspirateur et la plume du journaliste. Ses principes, la Jeune Italie les répandait par un journal établi à Marseille ; sa campagne révolutionnaire, elle la préparait par