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tenir noués long-temps les liens de la discipline, dans une garnison composée de tant d’hommes appartenant à des nations diverses ; Sartorius, commandant de la flotte de don Pédro, s’était mis en pleine révolte, s’était éloigné de la côte, et il avait fallu l’apaiser d’abord, le remplacer ensuite… Que de raisons pour qu’on se résolût à précipiter le dénoûment ! Ce fut l’avis du général Solignac. Dans un conseil de guerre assemblé en vue de quelque décision énergique et définitive, il proposa d’aller droit à l’ennemi, de lui passer sur le ventre et de paraître à Lisbonne l’épée à la main. Toutes ses dispositions étaient prises, il avait étudié le terrain, pesé de part et d’autre les courages, il répondait de la victoire. La majorité du conseil en décida autrement on pensa qu’il valait mieux envoyer dans les Algarves qui ne demandaient qu’un signal pour se soulever, un corps de 4, 000 hommes, tandis que don Pédro attendrait dans la place le résultat de cette diversion. Le général Solignac avait vu germer autour de lui de sourdes hostilités ; il ne possédait pas, quoique major-général de l’armée, toute la force qui lui eût été nécessaire ; dans le dernier conseil de guerre, il avait eu le chagrin d’entendre son propre aide-de-camp, M. Duverger, combattre son opinion : il se démit du commandement et quitta Porto, craignant bien que le père de dona Maria ne perdît là partie, faute d’audace et de nerf.

Mais de nouvelles et heureuses circonstances étaient venues en aide à la fortune de don Pédro. Le duc de Palmella qui, comme instrument des