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Alors, et pour mieux combattra là dynastie dont ils étaient les serviteurs aveugles, M. Berryer se rangea résolument dû parti des ministres. Comme eux, il reconnut que traîner là duchesse de Berri devant des juges serait une faute et un danger ; comme eut, il affirma quelle vivait dans une sphère où ne pouvait l’atteindre le glaive de la loi commune. Au point dé vue monarchique, la mère d’un roi légitimé n’étant liée par aucun devoir de soumission nécessaire à un prince que l’insurrection seule avait couronné, la duchesse de Berri s’était mise, à l’égard de Louis-Philippe, non pas en état de révolte, mais en état de guerre, il y avait à statuer sur une défaite, non sur un délit, question de politique, n’en de justice ; et c’était conséquemment au pouvoir exécutif à voir ce qu’en une telle occurrence il lui était permis d’oser.

M. Thiers comprit la portée fatale de cette adhésion : il essaya de donner le change aux esprits. Convaincu que c’était surtout à la pusillanimité de l’assemblée qu’il fallait faire appel pour arriver au succès, il se complut à dérouler devant elle je ne sais quel tableau sinistre : les juges tremblant sur leurs siéges, les accusateurs interdits, l’accusée triomphant de l’impossibilité où seraient ses ennemis d’apporter contre elle des preuves matérielles et décisives, les passions excitées en sens divers et prêtes à s’entrechoquer, les scènes du procès des ministres se renouvelant, plus graves encore, plus épouvantables, et le gouvernement forcé, s’il faisait venir l’accusée, de Blaye à Paris, « d’échelonner sur la route 80 ou 100 mille hommes. »