Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fléchir. Est-il plus sacré que celui de l’irresponsabilité royale qui a fléchi pourtant lorsque vous avez déposé Charles X ? » Passant ensuite aux désordres qu’on affrontait en faisant comparaître la duchesse de Berri devant des juges désignés par le hasard : « Croyez-vous, ajoute-t-il, que ce sera assez de toutes les forces dont le gouvernement dispose, pour protéger, selon le vent qui soufflera, tantôt la tête des juges, tantôt celle des accusés ? Vous avez vu le jugement des ministres, vous avez vu pendant dix jours la ville de Paris tout entière sous les armes, la capitale du royaume dans l’attitude et l’anxiété d’une ville de guerre qui a subi un assaut ? eh bien, vous n’avez rien vu. Vous avez vu les troubles du mois de juin ? eh bien, vous n’avez rien vu. »

Plusieurs orateurs de la gauche se présentent pour répondre à M. de Broglie. M. de Ludre annonce qu’il votera le renvoi des pétitions au garde-des-sceaux avec cette clause : « Pour faire exécuter les lois du royaume. » M. de Bricqueville rappelle que, lors de sa proposition relative au bannissement de la branche aînée, le gouvernement déclarait le code pénal applicable à ceux des membres de la famille déchue qui tenteraient la guerre civile ; et il s’étonne qu’on mette aujourd’hui à sortir du droit commun l’empressement qu’à une époque encore si récente on mettait à y rester. « On parle, s’écrie M. Cabet, du péril qu’il y aurait à soumettre la duchesse de Berri à la juridiction ordinaire : le gouvernement est-il donc si mal affermi qu’il ne puisse subir une pareille épreuve ? »