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nergie que l’ambassadeur français déploya dans l’affaire de Smyrne. Pour faire passer cette ville sous le pouvoir égyptien, il avait suffi d’un homme qui s’y était présenté au nom d’Ibrahim. L’amiral Roussin envoya sur-le-champ au consul de France à Smyrne, l’ordre d’abaisser son pavillon ; et la présence de quelques vaisseaux arrivés inopinément de l’Archipel, sous le commandement du contre-amiral Hugon, décida du rétablissement des autorités turques.

Cependant, les Russes n’avaient pas encore ployé leurs tentes, insolemment dressées au pied de la montagne du Géant. Lors de l’engagement du 21 février, le reis-effendi avait bien fait passer à M. de Boutenieff une note ayant pour but le renvoi de l’escadre russe, mais M. de Boutenieff avait refusé de recevoir cette note, sous prétexte qu’elle était inconvenante, et elle ne lui avait pas été de nouveau présentée. D’un autre côté, Ibrahim n’avait pas remis l’épée dans le fourreau, et il parlait toujours d’aller faire boire son cheval dans les eaux de Scutari.

De sorte qu’il n’y avait de nouveau dans la situation, depuis l’arrivée de l’amiral Roussin, que le déclin de notre influence, et auprès de la Porte, et en Égypte : en Égypte, parce que l’ambassadeur français avait pris parti contre Méhémet-Ali sans l’intimider ; auprès de la Porte, parce que le refus de Méhémet-Ali avait décrédité notre intervention, et aussi parce que, dans sa première entrevue avec le sultan, l’amiral Roussin avait eu l’idée plus généreuse qu’opportune de plaider la cause des populations