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commandite du crédit de l’État sur celle du crédit individuel ?

C’était donc à la réhabilitation du principe d’autorité que les démocrates devaient s’employer de préférence, ou, si l’on veut, ils devaient se préoccuper beaucoup moins de chercher des garanties aux libertés existantes que d’appeler le peuple à en faire usage.

Ces doctrines étaient celles de la Société des Droits de l’Homme ; c’étaient les bonnes, et elles survécurent dans le parti aux attaques dirigées contre elles par des hommes droits et sincères, mais qu’aveuglaient, les traditions de cette école libérale qui avait fait du mot droit une déception sans exemple, et du mot liberté la plus lâche tyrannie qui fut jamais.

Quoi qu’il en soit, l’émotion produite par le manifeste se révéla non-seulement par une polémique ardente, mais par des scènes d’un caractère étrange. Le gouvernement aurait voulu faire exclure de la Chambre comme indignes, deux députés, signataires du manifeste : MM. Voyer-d’Argenson et Audry de Puyraveau. Ils furent, en effet, dénoncés du haut de la tribune. Mais, par l’énergie de leur langage, par la fermeté de leur attitude, ils continrent les haines soulevées contre eux ; et le parti auquel ils appartenaient fut si peu intimidé par ce déchaînement des passions ennemies, qu’un autre député, M. De Ludre, se hâta de faire connaître, par la voie des journaux, l’adhésion qu’il avait donnée au manifeste.

Le procès intenté quelque temps après a vingt-