ainsi, par une pente irrésistible, vers l’extrême misère, c’est-à-dire, vers les bouleversements ou la mort.
Sur ces entrefaites, la Société des Droits de l’Homme publia un manifeste brûlant. Faible d’abord, elle avait pris possession de la France rapidement et avec empire. En 1833, sa puissance, à Paris, reposait sur l’ardeur de plus de trois mille sectionnaires, orateurs de club ou combattants ; et elle agitait la province par une foule de sociétés qui, sur les principaux points du royaume, s’étaient formées en son nom et à son image. Entretenir l’élan imprimé au peuple en 1830, alimenter l’enthousiasme, préparer les moyens d’attaque en élaborant les idées nouvelles, tenir en haleine l’opinion et souiller sans cesse aux âmes atteintes de langueur la colère, le courage, l’espérance, tel était son but, et elle y avait marché la tête haute, avec une énergie, avec un vouloir extraordinaires. Souscriptions en faveur des prisonniers politiques ou des journaux condamnés, prédications populaires, voyages, correspondances, tout était mis en œuvre. De sorte que la révolte avait, au milieu même de l’État, son gouvernement, son administration, ses divisions géographiques, son armée.
C’était un grand désordre, sans doute ; mais il y avait là, du moins, un élément de vitalité, un principe de force. Des idées de dévoûment s’associaient à ces projets de rébellion ; dans cette lutte de tous les instants, le sentiment de la fraternité s’exaltait, on s’y exerçait à jouer avec le péril, on y vivait enfin d’une vie pleine de sève. La Société des