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pauvres journaliers furent traités en malfaiteurs ; les prisons se remplirent, et les ministres crurent avoir pourvu suffisamment au salut de la civilisation menacée !

Mais ce qui échappait à la sagacité du gouvernement, ses ennemis le mettaient en relief avec un zèle infatigable, tantôt découvrant les plaies, tantôt cherchant les remèdes.

Déjà au mois de février 1833, un grand citoyen, M. Charles Teste, avait publié un projet de constitution qui avait pour bases les deux articles que voici : « Tous les biens mobiliers ou immobiliers renfermés dans le territoire national, ou possédés ailleurs par les membres de la société, appartiennent au peuple qui, seul, peut en régler la répartition. — Le travail est une dette que tout citoyen valide doit à la société ; l’oisiveté doit être flétrie comme un larcin et comme une source intarissable de mauvaises mœurs. » Toutes les dispositions du projet portaient l’empreinte de ce courageux et noble puritanisme. C’est ainsi que M. Charles Teste établissait des comités de réformateurs chargés de veiller sur les mœurs publiques et de faire dépendre de l’accomplissement des devoirs d’honnête homme l’exercice des droits de citoyen. Mais de semblables dispositions n’étaient de nature ni à être acceptées, ni à être comprises, au milieu d’une civilisation profondément corrompue. Et. M. Charles Teste lui-même était si loin de se faire illusion sur 1 état des esprits, que, pour ménager le voltérianisme de plusieurs de ses amis, il s’était abstenu de donner pour fondement à sa constitu-