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rangée de palissades, hautes de dix ou douze pieds ; on grilla les conduits des cheminées ; les croisées des appartements furent garnies de forts barreaux de fer, et la princesse ainsi que ses compagnons volontaires de captivité reçurent la défense, l’heure de la retraite une fois passée, de venir, à travers ces barreaux, respirer l’air du soir.

Ainsi soumise à une contrainte que la vivacité de son esprit lui rendait plus dure encore, et précipitée dans une prison où elle n’avait même plus les amers plaisirs de l’incertitude et les distractions de la lutte, Marie-Caroline sentit que son courage était moindre que son malheur. Son isolement, le visage composé de ses gardiens, l’aspect de la guerre autour de sa demeure nouvelle, les clameurs du soldat tour-à-tour joyeuses et menaçantes, et dans le silence de la nuit le qui-vive inquiet des sentinelles, tout cela la remplissait de trouble : sa captivité bientôt l’accabla.

Pour en partager les rigueurs, M. de Mesnard et Mlle Stylite de Kersabiec s’étaient d’abord présentés ; mais réclamés presqu’aussitôt après par les tribunaux de Montbrison et de Nantes, ils durent laisser à M. de Brissac et à Mme d’Hautefort l’héritage de leur dévoûment. Quoiqu’estimés par la princesse, M. de Brissac et Mme d’Hautefort avaient une trop faible part dans sa confiance pour qu’elle s’ouvrît à eux de ses résolutions les plus graves ; ils n’eurent point par conséquent à la guider par leurs conseils, mais ils contribuèrent à calmer son cœur.

Ses souffrances, toutefois, ne furent pas sans adoucissement, au moins dans les premiers jours.