Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fiance ; elles suffirent néanmoins et conjurèrent l’orage. Le gouvernement, d’ailleurs, tenait en réserve, pour la fête prochaine, un coup de théâtre dont il savait bien que l’effet serait irrésistible sur une race de soldats. Le 29 juillet, tandis que, chantant, par mégarde sans doute, l’hymne de la liberté reconquise, la foule se pressait vers la place Vendôme, un voile se détacha tout-à-coup du haut de la spirale de bronze, et la statue de l’homme impérial fut aperçue debout sur la colonne formée de la matière de ses victoires. D’immenses acclamations s’élevèrent. En un instant, tous ces hommes avaient oublié leurs misères présentes et leur indignation de la veille. Car les peuples ont, comme les enfants, des colères qu’on apaise avec des hochets.

Quoi qu’il en soit, la polémique soulevée par le projet d’embastiller Paris ne tarda pas à prendre un autre cours. Mais le gouvernement n’avait pas cessé de couver cette idée fatale, que nous verrons plus tard se reproduire et prévaloir. Toutes les fois que la force n’existe pas dans le pouvoir par l’unité, il faut qu’elle s’y introduise par la violence.

Déjà, en effet, la monarchie semblait avoir épuisé ses ressources. Un de ses partisans les plus téméraires, M. Viennet, venait de prononcer, du haut de la tribune, ces mots d’une franchise grossière : la légalité actuelle nous tue ; l’administration, de toutes parts se plaignait de l’impuissance de ses caprices, et la société vacillait éperdue entre l’arbitraire et l’esprit de révolte.

L’ardeur des passions populaires était entretenue,