C’est la véritable histoire de notre siècle que l’histoire de ses idées. Les menées de la diplomatie, les intrigues des cours, les bruyants débats, les luttes de la place publique tout cela n’est que l’agitation des sociétés. Leur vie est ailleurs. Elle est dans le développement mystérieux des tendances générales, elle est dans cette sourde élaboration de doctrines qui prépare les révolutions. Car il y a toujours une cause profonde à tant d’événements qui, lorsqu’ils éclatent, nous paraissent nés de l’occasion et du hasard.
L’insurrection de Lyon avait pris les ministres au dépourvu. Esclaves de la routine politique, incapables d’initiative, étrangers au mouvement intellectuel qui se faisait autour d’eux, accoutumés enfin à ne voir l’existence de la société que dans les frivoles querelles où se dépensait toute leur ardeur,