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route des coups-d’état, au renversement d’une institution qu’il jugeait nécessaire ; la royauté concourait, sans le vouloir, à la ruine d’une pairie qui, sans le vouloir, avait concouru à l’enfantement de cette royauté ; l’Opposition se plaignait d’être trop bien servie ; ceux qui reprochaient à la chambre des députés d’avoir eu en 1830 toute l’audace de l’usurpation, lui reprochaient, par une inconséquence singulière, d’en éprouver aujourd’hui les scrupules… que dire encore ? Tout n’était plus, soit dans le camp de l’Opposition, soit dans celui du ministère, que vœux incohérents, mesures contradictoires, violations de principes, erreurs de jugement ou mauvaise foi, ténèbres, confusion et le gouvernement de la société flottait entre l’anarchie et le vertige.

Quoi qu’il en soit, la création des trente-six pairs, en modifiant la majorité de la pairie la condamnait au suicide : la loi qui abolissait l’hérédité de la chambre des pairs et consacrait le système de la nomination par le roi dans un cercle de notabilités, cette loi destructive du régime constitutionnel, fut votée au palais du Luxembourg telle qu’on l’avait votée au palais Bourbon, et à une majorité de trente-quatre voix[1]. Treize pairs, parmi lesquels M. de Fitz-James, donnèrent aussitôt leur démission.

Mais le libéralisme exigeait plus encore. Reproduisant une proposition, déjà présentée par M.Baude, le colonel Bricqueville demanda que tout membre

  1. Loi sur l’abolition de la pairie adaptée par la chambre des députés le 18 octobre 1831, et par la chambre des pairs, le 28 décembre de la même année.