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tions. La cour de Rome paraît compter sur la présence temporaire des troupes étrangères, et sur la coopération qu’elle espère d’un corps de Suisses pour le maintien de l’ordre. Mais l’occupation étrangère ne peut être indéfiniment prolongée, et il n’est pas probable qu’un corps de Suisses, à l’entretien duquel suffiraient les ressources financières du gouvernement papal fut assez fort pour comprimer la population mécontente. Si même, la tranquillité pouvait être ainsi rétablie, on ne pourrait espérer qu’elle serait durable, et ne remplirait d’ailleurs nullement les vues qu’avait le gouvernement anglais en s’associant aux négociations. Dans ces circonstances, le soussigné a reçu l’ordre de déclarer que le gouvernement anglais n’a plus aucun espoir de succès, et que la présence du soussigné à Rome devenant sans objet, l’ordre lui a été intimé d’aller reprendre son poste à Florence. Le soussigné a de plus mission d’exprimer le regret dont sa cour est pénétrée de n’avoir pu, pendant une année et demie, rien faire pour le rétablissement de la tranquillité en Italie. Le gouvernement anglais prévoit que si l’on persévère dans la marche actuelle, de nouveaux troubles éclateront dans les États-Romains, d’une nature plus sérieuse et dont les conséquences multipliées peuvent à la longue devenir dangereuses pour la paix de l’Europe. Si ces prévisions se réalisaient par malheur, l’Angleterre, au moins, sera pure de toute responsabilité pour les malheurs qu’occasionnera la résistance aux sages et pressants conseils émis par le cabinet anglais.

Le soussigné profite, etc.

Signé : G.-H. Seymour. »
LETTRE DU PRINCE DE METTERNICH
Adressée à l’ambassadeur d’Angleterre à Vienne et transmise à lord Seymour par l’ambassadeur d’Autriche comte de Lutzow.

« Le soussigné, chancelier de cour et d’État de S. M. l’empereur d’Autriche, a l’honneur d’accuser réception de la note qu’il a reçue de l’ambassadeur de S. M. britannique. »

Ici M. de Metternich fait allusion aux délibérations déjà connues de la Conférence de Rome et termine ainsi :

« Le saint père a refusé seulement deux points principaux :

1o  L’admission du principe de l’élection populaire comme base des assemblées communales et provinciales ; 2° la formation d’un conseil d’État composé de laïques, qui serait placé auprès du sacré collége ou plutôt en opposition avec lui.

Il n’appartenait sans doute ni à l’Autriche ni à aucune autre Puissance de dicter des lois au souverain pontife, surtout quand il s’agissait de matières placées hors de la sphère des améliorations administratives sur lesquelles il était permis de donner des avis à sa sainteté ; quand il s’agissait, en un mot, de tendre à créer un nouveau pouvoir dans l’État. Le cabinet autrichien se voyait obligé de céder sur ce point à la résistance légitime du pape, aussi bien qu’aux protestations unanimes des