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cesse ; et, pour tirer parti plus sûrement des services de cet homme, on nomma préfet de la Loire-Inférieure M. Maurice Duval, le même dont l’administration avait pesé si cruellement sur Grenoble.

Deutz[1] était loin d’avoir auprès de la mère du duc de Bordeaux l’influence dont il s’est vanté depuis. Mais il avait accompagné de Londres en Italie Mmes de Bourmont ; il avait vu la princesse en passant à Massa pour se rendre à Rome il l’avait revue, après le voyage à Rome, et, grâce aux recommandations du Saint-Père, il avait été chargé de remettre des missives importantes à la reine d’Espagne et à don Miguel. Il avait donc été naturellement initié de la sorte à de graves secrets, dont la révélation devait peu coûter à son âme perfide et lâche. Il est vrai que lorsqu’au mois d’avril il avait quitté Massa, M. de Choulot l’avait contraint à s’arrêter à une lieue environ de la ville, dans une vallée plantée d’oliviers, et lui avait fait prêter là un serment solennel et redoutable[2] ; mais que valent les serments ? L’honneur les rend superflus, la bassesse les viole. Deutz trahissait le parti légitimiste,

  1. Le récit qu’on va lire présente, sur l’arrestation de la duchesse de Berri, certains détails qui ; s’écartent de ceux qui ont été déjà publiés, mais qui viennent d’une source authentique. Notre récit s’appuie sur des notes fournies au général Dermoncourt, postérieurement à la publication de son livre la Vendée et Madame. Ces notes qui rectifient quelques inexactitudes échappées à M. Dermoncourt, il a bien voulu lui-même nous tes transmettre.
  2. C’est ce que Deutz raconte lui-meme dans une brochure qu’il a publiée touchant sa trahison ; et, sur ce point, il est permis de l’en croire, puisqu’il s’accuse. Car, du reste, sa brochure est remplie de mensonges cyniques.