Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/382

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoir combattu, dans le conseil, des desseins funestes, M. Guizot courait en faire l’apologie à la tribune, et y prononçait des mots implacables, de ces mots qui restent. Il n’en était pas de même de M. Thiers, corrupteur infatigable de la presse, habile à ruser avec l’opinion, et courtisan heureux de cette portion de la bourgeoisie qui se piquait de libéralisme et d’orgueil national. Quoi qu’il en soit, M. Thiers n’avait ni l’amour de l’humanité, ni l’intelligence de ses progrès possibles ; ne devinant rien au-delà de l’horizon, il n’avait nul souci du peuple, ne l’admirait que sur les champs de bataille où il court se faire décimer, et ne le jugeait bon qu’à servir de matière aux combinaisons de ces spéculateurs insolents qui, sous le nom usurpé d’hommes d’Etat, jouent entre eux les dépouilles du monde.

Les ministres du 11 octobre trouvaient, en arrivant aux affaires, deux grands actes à accomplir : il fallait que le trône nouveau fut consolidé par l’arrestation de la duchesse de Berri, et la paix générale assurée par la soumission du roi Guillaume.

Depuis que l’insurrection vendéenne étouffée avait réduit la duchesse de Berri à chercher un asile dans la ville de Nantes, les provinces de l’Ouest étaient restées silencieuses, immobiles ; et pourtant les frayeurs du pouvoir ne s’étaient point calmées. Trompés par de faux rapports, jouets des impressions les plus diverses, se croyant toujours sur le point d’être trahis par ceux qu’ils avaient choisis pour instruments, les ministres n’avaient su jamais adopter, à l’égard de la Vendée, une politique nette et suivie. L’insurrection vendéenne avait été com-