Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meurs confuses et tous de supposer un vaste complot, les uns parce qu’ils le désiraient, les autres parce qu’ils en avaient peur. Car chacun sentait bien de quelle maladie était travaillée la société française, société si pleine en effet de trouble et de désordre, qu’il suffisait, hélas ! d’en rapprocher tous les éléments pour faire jaillir de leur contact une effroyable catastrophe !

Aussi le gouvernement avait-il eu soin de faire de Paris un champ de bataille. Quatre escadrons de carabiniers occupèrent la place Louis XV ; un escadron de dragons fut envoyé à la Halle-aux-Vins ; un autre couvrit, avec un bataillon du 3e léger, la place de Grève ; le 12e léger attendait le convoi sur la place de la Bastille ; il y avait des soldats dans la cour du Louvre ; il y en avait dans le quartier des étudiants ; la garde municipale était échelonnée sur toute la ligne qui s’étend de la préfecture de police au Panthéon, et un détachement de cette garde protégeait le Jardin-des-Plantes, non loin de la caserne des Célestins, où le 6e régiment de dragons tout entier se tenait prêt à monter à cheval. Le reste des troupes avait été consigné dans les casernes, et des ordres avaient été donnés pour faire venir au besoin des régiments auxiliaires de Ruel, de Courbevoie et de Saint-Denis. De sorte qu’à cette révolte qui n’était encore que dans l’air, le gouvernement avait à opposer une armée soldée d’au moins vingt-quatre mille hommes[1]. Le cortège se mit en marche. Les coins du drap

  1. Les troupes appelées à concourir à l’action se peuvent évaluer ainsi Il y avait six régiments de ligne et trois régiment d’infanterie légère,