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tions républicaines où ils avaient pu pénétrer, prenant à leur solde des ouvriers malheureux, multipliant les démarches, prodiguant les promesses, distribuant des cartouches et des pistolets. Deux contre-maîtres, qu’ils avaient séduits, devaient leur ouvrir, quand il en serait temps, les portes d’une fabrique d’armes, et ils disposaient de quelques bandes d’hommes résolus qui furent d’avance distribuées sur divers points du boulevard : à la Madeleine, au Château-d’Eau, sur la place de la Bastille, c’est-à-dire sur toute là ligne du convoi.

Pour ce qui est du parti bonapartiste, il se livrait, à cette époque, aux démarches les plus actives. Quoi que soumis à une surveillance assidue, le duc de Reichstadt avait trouvé moyen d’entrer en communication avec quelques-uns de ses partisans, auprès desquels il était représenté par le prince Louis-Bonaparte ; et pendant que Joseph quittait l’Amérique pour revenir en Europe, un corps de troupes, gagné tout entier à la cause du fils de Napoléon, se disposait à le recevoir à la frontière. Nul doute que, dans un pareil état de choses, le parti bonapartiste n’eût pu faire tourner à son profit le soulèvement de la nation, s’il n’eût porté dans ses propres flancs la lutte et l’anarchie. Car, non moins divisé que le parti légitimiste, il comprenait trois fractions séparées par de graves dissidences les impérialistes, admirateurs aveugles dé la monarchie napoléonienne ; ceux qui aimaient surtout dans Napoléon le soldat victorieux, et enfin, ceux qui, amis de l’égalité par sentiment, ne réservaient au duc de Reichstadt que le titre de chef du pouvoir exécutif, et