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sang le trône de Henri V ; qu’au surplus, les chances heureuses n’étaient pas ce qu’elles paraissaient à de jeunes imaginations ; que le Midi flottait entre des inspirations diverses ; que la Vendée, tenue en échec par cinquante mille soldats, n’avait plus, pour se soulever, les mêmes motifs qu’en 1792 ; qu’enfin, il ne fallait pas jouer sur un coup de dé l’avenir de la monarchie.

Ce langage était, en général, celui des hommes qui, comme M. de Pastoret, jouissaient d’une grande fortune ; ou qui avaient à ménager, comme MM. de Chateaubriand et Hyde de Neuville, une considération depuis long-temps acquise ; ou qui craignaient, comme M. Berryer, de compromettre un rôle brillant. L’attitude qu’ils voulaient faire prendre au parti était évidemment conseillée par la prudence, et la loyauté de la plupart d’entre eux était incontestable ; mais il y a toujours dans la sagesse humaine un certain fonds d’égoïsme, et nous portons tous au dedans de nous une tyrannie mystérieuse qui, à notre insu, dicte notre langage et gouverne nos actions. Il s’était donc formé à Paris des comités royalistes ayant pour but spécial de maîtriser la fougue des royalistes de la province, comités composés des personnages les plus marquants du parti, et dont la Gazette de France, dirigée par MM. de Genoude et de Lourdoueix, appuyait avec talent la politique expectante.

Cependant, M. de Charette était arrivé dans la Vendée, pour s’y mettre à la tête de l’insurrection, en vertu des pouvoirs que lui avait donnés la duchesse de Berri. Son premier soin fut de convoquer