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dire, rendez-vous autour de son lit de douleur ; on mit en discussion son agonie ; ses ennemis firent tout haut le compte des minutes qu’il avait encore à vivre ; quelques-uns même semblèrent regretter qu’une mort sans éclat vint reléguer le châtiment d’un tel homme dans l’histoire.

Et lui, pendant ce temps, il ajoutait à ses maux physiques les tourments de sa pensée, averti qu’il était du déclin de son ascendant. Car la volonté patiente du roi avait fini par lasser l’impétuosité du ministre. Casimir Périer dans les derniers temps, s’était vu souvent contraint de plier sous un pouvoir supérieur au sien ; et chez lui, les blessures de l’orgueil étaient les plus cuisantes. Alors, il s’étudia plus que jamais à couvrir ses humiliations secrètes par le faste et l’arrogance de son dévouement ; alors, plus que jamais, il se plut à dénigrer le maître. Mais, pour une nature aussi altière, le dénigrement n’était pas une vengeance suffisante. D’ailleurs, Casimir Périer sentait bien que, si l’anarchie continuait, ce ne serait pas sans le dévorer ; que, si au contraire, l’autorité parvenait à s’affermir, la cour le briserait comme un instrument dont on cesse d’avoir besoin.

Ce n’est pas qu’entre le monarque et lui, la dissidence portât sur des questions de principe ou de système. Au fond, leur politique était la même. Mais chacun d’eux cherchait à s’en attribuer tout l’honneur aux yeux de la bourgeoisie. Le roi voulait gouverner ; Casimir Périer voulait que le roi se contentât de régner. D’un autre côté, le roi jugeait volontiers les choses humaines au point de