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devait avoir lieu à la cour. L’occasion était bonne pour les conjurés ; car ils comptaient des complices jusque dans la domesticité du château, ils étaient en possession de cinq clefs ouvrant les grilles du jardin des Tuileries, et l’entrée du Louvre leur était promise. Il fut donc convenu que, dans la nuit désignée, les uns se réuniraient par détachements sur divers points de la capitale, pour partir de là, au signal convenu, et marcher vers le château, tandis que, se glissant dans l’ombre des ruelles qui conduisent au Louvre les autres pénétreraient dans la galerie des tableaux, feraient irruption dans la salle du bal, et, grâce au désordre de cette attaque imprévue, s’empareraient de la famille royale. Des marrons, espèces de petites bombes, auraient été lancés au milieu des voitures stationnant aux portes du palais ; des chevalets, morceaux de bois garnis de pointes de fer auraient été semés sous les pieds des chevaux ; enfin, on se croyait en droit d’espérer que des pièces d’artifice seraient disposées dans la salle de spectacle, de manière à pouvoir, en mettant le feu à la charpente, augmenter la confusion. Ce plan fut définitivement arrêté par les principaux chefs, dans la rue Taranne ; et Poncelet fut spécialement chargé de l’attaque du Louvre.

Mais une intrigue s’ourdissait au sein du complot, et les fruits de la victoire espérée devenaient déjà l’objet de préoccupations jalouses. L’agent qui s’était donné pour le fondé de pouvoirs de la duchesse de Berri, aurait voulu écarter le maréchal de France dont nous avons parlé, et faire procla-