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commandant chacun une brigade de dix hommes, et tout membre d’une brigade fut destiné à l’enrôlement de conspirateurs secondaires, qu’on devait employer au triomphe de desseins ignorés de la plupart d’entre eux. Le pouvoir du parti légitimiste étant dans son opulence, l’argent devint le nerf de cette conspiration. Une caisse se forma du produit de diverses souscriptions et de sommes assez considérables apportées d’Italie par un agent de la duchesse de Berri, lequel était attaché à la maison du maréchal Bourmont. Alors commença la mise en œuvre d’un vaste système d’embauchage. L’argent, toutefois, servait moins à salarier régulièrement les recrues de la révolte, qu’à donner aux recruteurs le moyen de s’aboucher avec les gens du peuple, dans des parties de plaisir favorables aux demi-confidences et aux vulgaires séductions. Il est à remarquer que beaucoup de pauvres ouvriers entrèrent dans la conspiration, sans avoir reçu d’autres avances que celles que leur profonde détresse rendait strictement indispensables ou qui servaient à les indemniser de la suspension de leurs travaux. Toujours est-il qu’on distribua des secours de nature à faire ressortir les scandales de l’abandon dans lequel vivait le pauvre. Mais, tout en adoucissant des misères sans espoir, on tenta, par l’appât des promesses, des âmes douées d’une ambition grossière, et en peu de temps on eut une petite armée à mettre en campagne. La chute de Charles X avait entraîné le licenciement de la garde royale et le changement d’un nombreux domestique : la conspiration se recruta de plusieurs officiers et sous-officiers de la