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lui écrivaient pour lui soumettre quelque argument nouveau ; les autres, pour lui reprocher quelque circonstance importante, oubliée ou affaiblie ; tous, pour le féliciter et l’encourager. M. Lavaux, avocat de la baronne de Feuchères, et M. Dupin jeune, avocat du duc d’Aumale, déployèrent tous deux un grand talent dans la défense. Mais on remarqua, malheureusement, qu’à des faits précis et articulés avec netteté, ils répondaient tantôt par des explications tortueuses, tantôt par des récriminations vagues, d’où ils ne surent pas toujours bannir l’injure ; et l’on se tint en garde contre l’habileté de M. Dupin jeune, faisant considérer le procès comme une trame ourdie par les légitimistes contre le duc d’Orléans, comme une ruse de la haine envenimée des partis, en un mot comme un essai de vengeance dont tous les partisans de la révolution de 1830 devaient faire justice. L’intérêt des légitimistes dans le procès était manifeste ; mais, pour combattre des faits confirmés par une masse imposante de témoignages, il fallait autre chose qu’un appel véhément aux souvenirs du mois de juillet. Les Rohan perdirent leur procès devant les juges, et, à tort ou à raison, ils le gagnèrent devant l’opinion publique.

Une circonstance imprévue vint ajouter à l’ardeur des impressions diverses produites par ces débats. M. Dupin jeune, dans sa plaidoirie, avait rappelé avec éloges la jeunesse de Louis-Philippe. Le journal Tribune répondit par un article amer, où l’on rappelait la vie de Louis-Philippe d’Orléans, sa proclamation de Tarragone, le