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d’Enfantin. S’étant levé, il rappela d’abord comment de juif il était devenu saint-simonien. Puis, d’une voix forte : « Rothschild, Laffitte, Aguado, dit-il, n’ont rien entrepris d’aussi grand que ce que je vais entreprendre. Tous, ils sont venus, après la guerre, donner au vaincu le crédit nécessaire pour satisfaire le vainqueur. Ils ont fait une grande chose ; et moi le premier je l’ai senti et publié grâce à Saint-Simon, il y a sept ans. Mais ils ont escompté l’avenir des Restaurations politiques, et déjà pour eux, cet avenir a des bornes… Leur mission va finir ; la mienne commence. » Il exposa ensuite les bases du projet qui devait, selon lui, inaugurer la puissance morale de l’argent. L’association financière des saint-simoniens aurait eu pour objet : 1° de travailler, par un ensemble de mesures exclusivement pacifiques, à l’amélioration morale, intellectuelle et physique de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre ; 2° d’organiser des maisons d’éducation où les enfants des saint-simoniens auraient été élevés, sans distinction de fortune ou de naissance ; 3° de fonder des maisons d’associations industrielles, pour les travailleurs devenus saint-simoniens ; 4° de subvenir transitoirement aux besoins de ces associations ; 5° de propager la doctrine, de manière à remplacer l’anarchie industrielle par l’association religieuse des travailleurs. L’acte passé devant notaire devait être signé par tous les membres de la famille, dont les biens réunis formaient le fonds social, et qui tous répondaient des engagements contractés envers les tiers.