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Que l’inégalité, mère de la tyrannie, se produise dans le monde, au nom des succès de l’esprit ou bien au nom des victoires de la force, qu’importe ? Dans l’un et l’autre cas, la charité disparaît, l’égoïsme triomphe, et le principe de la fraternité humaine est foulé aux pieds. Examinez la famille : le père, dans le partage des fruits qu’il distribue à ses enfants, prend-il en considération la différence des services qu’ils rendent ou celle des besoins qu’ils éprouvent ? Lui-même, lui qui porte tout le fardeau de l’association domestique, ne retranche-t-il pas volontiers de ses jouissances pour satisfaire les exigences d’un fils malade, pour accroître le bien-être d’un fils ignorant et débile ? Voilà la charité en action. Que l’État se modèle sur la famille. Hors de là il n’y a que violences et injustice. Rétribuer chacun selon sa capacité ? Eh, que faire alors des idiots ? Que faire des infirmes ? Que faire du vieillard frappé d’une incurable impuissance ? Les laisser mourir de faim ? Il le faut, si on affirme que la société ne doit à ceux qui la composent qu’en raison de ce qu’elle reçoit d’eux. La logique saint-simonienne était donc homicide ?… Non, elle était seulement inconséquente. Car elle admettait des hospices pour les incapables et Bicêtre pour les fous. Prétendre qu’il est convenable qu’un homme s’adjuge, en vertu de sa supériorité intellectuelle,

    entendaient la formule que nous critiquons, en ce sens « que le plus capable doit être le plus haut placé dans la hiérarchie » ce qui est souverainement raisonnable. Mais la formule exprime davantage ; elle exprime que « le plus capable doit aussi être le mieux rétribué. » Or, c’est le sens le plus étendu qui a prévalu et dans l’école et dans son organe officiel, le Globe.