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Quoi qu’il en soit, la doctrine s’élaborait entre MM. Olinde Rodrigues, Enfantin et Bazard. Ils attirèrent à eux des élèves de l’école polytechnique, des littérateurs distingués, des orateurs, des artistes ; et bientôt une école se forma. Au moment où la révolution de juillet éclata, l’école saint-simonienne était constituée elle reconnaissait pour chefs MM. Enfantin et Bazard, auxquels M. Olinde Rodrigues avait noblement cédé la suprématie. Voici quel fut le développement donné par les disciples aux idées du maître.

Acceptant la division de l’humanité en artistes, en savants et en industriels, les saint-simoniens s’attachèrent d’abord à vérifier par la méthode historique la loi du progrès, qui faisait l’objet de leurs croyances.

Pour ce qui est de l’ordre des sentiments, ils remarquèrent que l’humanité allait, dans l’histoire, de la haine à l’amour et de l’antagonisme à l’association. Le vaincu, en effet, n’avait-il pas commencé par être exterminé par le vainqueur ? Le vainqueur, plus tard, ne s’était-il pas contenté de réduire le vaincu en esclavage ? Le serf n’avait-il pas succédé à l’esclave, et l’homme libre au serf ? D’un autre côté, la famille avait grandi jusqu’à la cité, la cité jusqu’au royaume, le royaume jusqu’à la fédération, si bien que, de progrès en progrès, un grand nombre de peuples s’étaient unis sous la loi du catholicisme. L’humanité marchait donc vers le principe de l’association universelle, fondée sur l’amour.

Étudiée au point de vue des faits qui concernent la science, l’histoire n’offrait pas des enseignements