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savants et les industriels. Telles étaient, selon Saints-Simon, les bases du Nouveau Christianisme.

On serait tenté de ne voir dans ces travaux qu’une ingénieuse terminologie, s’ils n’avaient donné naissance, comme nous l’expliquerons, à une doctrine féconde en conséquences pratiques, et dont l’exposition eut quelque chose de formidable.

Saint-Simon sentait bien l’importance de sa conception ; car il mourut plein de foi et d’espérance, laissant pour adieux aux rares disciples qui entouraient son lit de mort des paroles où perçait le légitime orgueil de cette âme prête à s’envoler : « le fruit est mûr vous le cueillerez. »

Saint-Simon avait eu M. Augustin Thierry pour secrétaire, et M. Auguste Comte pour disciple ; mais l’héritier de sa doctrine fut M. Olinde Rodrigues. Un journal intitulé le Producteur, qui parut peu de temps après la mort de Saint-Simon, en 1825, et dont la direction fut confiée à M. Cerclet, devint le centre autour duquel M. Olinde Rodrigues rassembla, pour les initier à la doctrine de son maître, les hommes qui pouvaient la prêcher avec le plus de talent et de succès. Le Producteur, cependant, ne fut pas un journal saint-simonien. Rédigé par MM. Olinde Rodrigues, Enfantin, Bazard, Buchez Auguste Comte, Armand Carrel, écrivains d’un grand mérite, mais qui n’obéissaient pas tous à une foi commune, il n’eut d’autre effet que d’étonner et de troubler le libéralisme par la nouveauté de certains aperçus et l’imprévu des solutions qu’il trouva aux problèmes que présentait alors l’industrie.