Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce fut au milieu de cette anxiété générale, le 31 août 1850, que le prince d’Orange et le prince Frédéric arrivèrent à Vilvorde, à la tête de leurs troupes. Une commission est aussitôt nommée à Bruxelles pour offrir aux princes d’entrer dans la ville. Ils y consentent, à condition que le drapeau brabançon fera place aux couleurs de la maison d’Orange. A cette nouvelle, la ville de Bruxelles s’émeut ; on dépave des rues, on abat des arbres, on prépare des barricades. Une nouvelle députation part pour Vilvorde, à travers les flots d’une multitude en émoi. A onze heures du soir, les députés étaient de retour à Bruxelles ; et, à minuit, on lisait dans les corps de gardes bourgeois, au milieu d’acclamations ardentes, une proclamation ainsi conçue :

« S. A. R. le prince d’Orange viendra aujourd’hui, avec son état-major seulement et sans troupes ; il demande que la garde bourgeoise aille au-devant de lui. Les députés se sont engagés à la garantie de sa personne et à la liberté qu’il aura d’entrer en ville avec la garde bourgeoise ou de se retirer, s’il le juge convenable. »

Le lendemain, 1er septembre, le prince d’Orange fit son entrée à Bruxelles. La garde bourgeoise s’était avancée au-devant de lui, marchant en ordre de bataille pour ainsi dire, et livrant aux airs avec orgueil les couleurs brabançonnes. Au pont de Laëken, le prince d’Orange atteignit la tête de la colonne. Il n’était accompagné que de quelques aides-de-camp. Une foule innombrable se pressait sur la route qu’il avait à parcourir. A son approche, le tambour battit au champ, et les gardes lui pré-