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La baronne, de son côté, n’était pas sans inquiétude sur l’exécution du testament. Elle aurait voulu que les dispositions testamentaires consenties en sa faveur fussent converties en donation, et, comme les droits d’enregistrement dans ce cas auraient fait sortir de la caisse du prince une somme trop considérable, M. de Surval avait proposé de vendre à madame Adélaïde, sœur du roi, le domaine de St.-Leu, qui entrait dans le legs de madame de Feuchères.

Cependant, les préparatifs de fuite essayés par le duc de Bourbon, trompèrent son attente. Manoury devait se procurer un passeport, prendre une voiture, et aller attendre son maître à Moisselles : cette combinaison échoua par l’impossibilité de la faire réussir sans l’ébruiter. Mais le prince n’en persista pas moins à vouloir quitter St.-Leu.

De tristes rumeurs s’étaient en même temps répandues dans le château. On racontait que, dans la matinée du 11 août, le duc de Bourbon avait été trouvé l’œil en sang ; qu’il s’était empressé d’en expliquer la cause à Manoury, en disant : « je me suis heurté à la table de nuit » ; que celui-ci ayant pris la liberté de répondre : « la table a moins de hauteur que le lit », le duc avait gardé le silence avec embarras ; que, quelques instants après, Manoury, en étendant un tapis dans la chambre de toilette, avait aperçu sous la porte de l’escalier dérobé une lettre qui, portée au prince, l’avait extrêmement troublé ; qu’il avait alors prononcé ces mots : « Je ne suis pas bon menteur ; j’avais dit que je m’étais fait mal en dormant : la vérité est qu’en ouvrant