qu’un autre d’Orléans avait combattu sous les drapeaux
de Dumouriez. Mais, d’une part, comment
refuser sans insulte ce qu’on lui supposait si bien
le désir de donner ? Et, de l’autre, comment affronter
les emportements de Madame de Feuchères par
l’entremise de laquelle lui arrivaient des remerciements
anticipés ? D’ailleurs, l’artificieuse baronne
avait eu soin de lui écrire : « Le roi et la famille
royale désirent que vous fassiez choix d’un prince
de votre famille pour hériter un jour de votre
nom et de votre fortune. On croit que c’est moi
rang d’Altesse royale ; on y retrouve aussi la trace des bontés qu’avait le Roi Charles X, pour tous les membres de sa famille, et en particulier pour le duc d’Orléans.
« Neuilly, ce mardi 21 septembre 1824.
« Je m’empresse, monsieur, de vous faire part que le Roi m’ayant fait dire
hier au soir de me trouver chez-lui aujourd’hui à midi, je suis arrivé chez
S. M. peu d’instants avant qu’il n’en sortit pour aller à la messe. Dès que j’ai été introduit dans son cabinet, j’ai commencé par le remercier de ses
bontés, et j’ai ajouté que nous avions été particulièrement sensibles à
celle qu’il avait eu pour nous avant-hier, à l’occasion du goupillon.
« Oui, a-t il repris, j’ai voulu que cela fut ainsi, parce que je trouve que
cela devait être, et justement je voulais vous dire que je vous accorde
le titre d’altesse royale. Le roi nous l’accorde à tous, ai-je repris en
hésitant ; oui à tous, m’a-t-il dit:cela n’est pas d’accord avec nos
anciens usages, mais je trouve que dans l’état actuel des choses et de
l’Europe, cela doit être ainsi, et c’est pour tous. » Après cela, notre
conversation a continué et il m’a dit qu’il voulait aussi me parler pour la
cérémonie de St. Denis, qu’il espérait que nous trouverions convenable
que M. le Dauphin fût dans un fauteuil et nous sur des chaises à dos.
Je lui ai répondu que, quant à moi, cela me paraissait très-convenable,
que M. le Dauphin étant nécessairement appelé à succéder à la couronne,
j’entendais qu’il devait avoir une prééminence sur ceux qui n’y étaient
appelés qu’éventuellement, que si monsieur le Dauphin avait des fils, je
l’entendrais de même pour son fils aîné, mais que je croyais devoir avouer
au roi que je ne pouvais l’entendre que pour la ligne directe, mais non
pas pour les enfants cadets ; que ceux-là me paraissaient absolument dans
la même position que nous; que je n’avais jamais conçu la distinction de
famille royale et de princes du sang, et que je ne concevais pas davantage
qu’il dût avoir entre nous d’autre prééminence et d’autre distinction