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de rébellion, la Pologne vivante. D’ailleurs, sa domination à Constantinople, loin de s’être affaiblie, s’était fortifiée par le concours de nos fautes et des circonstances. Car, dépeuplée par la peste, troublée par une sorte de guerre religieuse, menacée par les révoltes des pachas de Bagdad et de Scutari, la Turquie penchait de plus en plus vers sa ruine. Aux réformes de Mahmoud, les vrais croyants répondaient par des incendies ; naguère encore, l’embrasement du faubourg de Péra avait attesté la haine qui animait contre les Giaours, les adorateurs du prophète. Et pendant ce temps, le réformateur de l’Égypte, Méhémet-Ali, premier sujet du Sultan, son émule, son ennemi secret, Méhémet-Ali équipait une flotte de 22 bâtiments, levait une armée de trente mille hommes, et, couvrant de ses rancunes contre le pacha d’Acre, les projets de son ambition, se préparait à fondre sur la Syrie, avec ou sans l’autorisation de la Porte, que bravait son orgueil. Jamais la Turquie n’avait été plus impérieusement soumise au joug d’une protection étrangère. Or, le rappel du général Guilleminot lui avait montré combien était inévitable pour elle le protectorat des Russes, et Constantinople était à leur merci.

Telles étaient pour les grandes Puissances, ennemies de notre pays, les conséquences de la révolution de juillet, et elles jouissaient avec étonnement de leur inconcevable prospérité.

Pour ce qui est des peuples que devait protéger la France, ils étaient rayés de la carte ou réduits en servitude. La patrie des Polonais n’existait plus que