Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et une conversation d’où jaillissaient mille étincelles, M. Cavaignac se plaisait aux études approfondies et avait donné à sa vie une direction, avant tout, sérieuse. Fils du conventionnel de ce nom, il veillait avec un soin jaloux sur l’honneur de souvenirs si cruellement calomniés pendant la Restauration et l’Empire.

« Mon père, dit-il en commençant, fut un de ceux qui, dans le sein de la Convention nationale, proclamèrent la république, à la face de l’Europe, alors victorieuse. Il la défendit aux armées. C’est pour cela qu’il est mort dans l’exil, après douze années de proscription ; et tandis que la Restauration elle-même était forcée de laisser à la France les fruits de cette révolution qu’il avait servie, tandis qu’elle comblait de ses faveurs les hommes que la république avait créés, mon père et ses collègues souffraient seuls pour la grande cause que tant d’autres trahissaient. Dernier hommage de leur vieillesse impuissante à la patrie que leur jeunesse avait si vigoureusement défendue ! Cette cause, Messieurs, se lie donc à tous mes sentiments comme fils ; les principes qu’elle embrassait sont mon héritage. L’étude a fortifié cette direction donnée naturellement à mes idées politiques ; et aujourd’hui que l’occasion s’offre enfin à moi de prononcer un mot que tant d’autres proscrivent, je le déclare sans affectation comme sans crainte, de cœur et de conviction je suis républicain. »

Après ce noble début, M. Cavaignac repoussa avec une singulière élévation de pensée tous les repro-