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rité et celui de ménager son crédit, il devait manquer également de vigueur et pour le bien et pour le mal. C’est ce qui arriva. Il fut irrésolu dans un moment où les intérêts avaient hâte de se classer et les passions de se produire. Il fut condamné à n’agir que par autrui, alors qu’il fallait dompter, en la sauvant, une société incertaine, tourmentée, et au sein de laquelle durait encore le frémissement des luttes de la veille. Le nom de M. Laffitte était respecté on le compromit. Son influence était décisive on la fit servir au triomphe des plus regrettables desseins. Et voilà comment son ministère marqua, dans l’histoire de son pays, comme une période malheureuse.

Ce fut, en effet, durant cette période que s’établit, par l’abandon successif de toutes les nations opprimées, le système diplomatique qui tendait à faire descendre la France au rang des puissances secondaires, pour faire accepter par les puissances principales la dynastie de Louis-Philippe. Ce fut aussi dans cet intervalle que la bourgeoisie se mit en mesure de commander aux affaires. Par la loi sur les municipalités, elle paralysa du même coup dans les communes l’action du peuple et le règne des grandes influences locales. Par la loi sur les élections, elle s’empara exclusivement du pouvoir. Par la loi sur la garde nationale, elle se réserva la domination de la place publique. Dirigée par des meneurs sans entrailles, dont ses instincts servaient merveilleusement les calculs, elle s’arma contre l’insurrection, au 21 décembre, pour contenir les républicains, et elle encouragea l’émeute, au 14 fé-