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bune, au milieu des applaudissements de l’assemblée : « La France, en se renfermant dans son froid égoïsme, aurait dit qu’elle n’interviendrait pas, cela pouvait être une lâcheté, mais dire qu’elle ne souffrira pas qu’on intervienne, c’est la plus noble attitude que puisse prendre un peuple fort et généreux.[1] »

« La bon-intervention, avait dit à son tour, du haut de la tribune de la chambre des pairs, le maréchal Soult, ministre de la guerre, la non-intervention est désormais notre principe. Nous le respecterons religieusement sans doute, mais à la condition essentielle qu’il sera respecté par les autres.[2] »

Des déclarations aussi claires parurent suffisantes à des jeunes gens sans expérience et peu versés dans l’art funeste des mensonges politiques. Aussi bien, M. de Lafayette, trompé lui-même, affirmait à M. Misley que le principe de non-intervention serait courageusement maintenu et qu’à la cour il en avait reçu l’assurance. Enfin, le fils aîné du roi des Français, le duc d’Orléans, paraissait si bien disposé pour les conspirateurs italiens, qu’il était initié à leurs secrets, et que, dès le mois de novembre 1830, il avait désigné à M. Viardot le jour où l’insurrection de Modène devait éclater[3].

  1. Séance du 6 décembre 1830.
  2. Séance du 8 décembre 1830.
  3. Le 19 janvier 1831, Menotti écrivait à M. Misley :

    « Avant hier, j’ai vu l’ami… par son entremise j’espère un crédit de 9000 francs qui est garanti sur hypothèque. — C’est très-bien que d’Orléans nous protège, et c’est aussi avec le plus grand plaisir que j’apprends la bonne intelligence qui existe entre toi et Lafayette, etc. »