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malentendu qui, au mois de juillet 1830, avait réuni dans de communes colères la bourgeoisie et le peuple. Plus on avançait, plus il devenait manifeste qu’en 1830 la bourgeoisie n’avait cherché qu’à maintenir ses propres privilèges contre la ligue du trône, de la noblesse et du clergé ; de sorte que la révolution récente n’avait même pas été un déplacement d’oppression.

Sous la Restauration, il avait fallu payer 500 fr. de contributions directes pour être électeur et 1000 fr. pour être éligible : c’était ce système que les libéraux voulaient encore faire prévaloir. Seulement, les libéraux du mouvement demandaient que le cens fût abaissé un peu plus ; ceux de la résistance qu’il le fut un peu moins. Débat d’une évidente frivolité !

Le projet de loi, si impatiemment attendu, fut enfin présenté. Le ministère vint proposer à la chambre ! 1° d’abaisser de 1000 à 500 fr. le cens de l’éligibilité ; 2° de doubler le nombre des électeurs, en accordant un nombre invariable d’électeurs à chaque département, nombre que les plus imposés seraient appelés à former. Un semblable système ne portait aucune atteinte aux privilèges politiques de la bourgeoisie, tels que la charte de 1814 les avait consacrés ; il ne faisait que les mettre en rapport avec le changement apporté, depuis lors, dans la distribution des fortunes territoriales par le morcellement non interrompu des héritages. Cependant, la majorité de la chambre en prit alarme. Avec l’aveuglement naturel aux intérêts égoïstes, elle se crut menacée dans la libre jouissance du monopole, et une commission nommée par elle conclut au main-