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mates de Saint-James. Mais les embarras intérieurs de l’Angleterre expliquaient son apathie. Georges IV venait d’y mourir, au plus fort de la lutte engagée entre deux partis divisés sur des questions accessoires, mais également ennemis da peuple et de la liberté du monde. Frère de George IV, le duc de Clarence lui succédait. Par une hypocrisie commune à tous les héritiers présomptifs, il avait pris rang parmi les whigs, étant prince : devenu roi, il se montrait tory.

L’Angleterre, cependant, avait épuisé le succès de ses crimes. Dans les campagnes, et d’après de solennels témoignages, la misère était à son comble. La plupart des fermiers payaient leurs fermages sur leur capital ; beaucoup, chassés de leur exploitation par la pauvreté, erraient tendant la main à la charité du passant ; des laboureurs avaient été vus dans plusieurs districts se chargeant eux-mêmes du transport de leurs denrées et s’attelant, comme des bêtes de somme, à leurs propres charrettes. Les villes présentaient le spectacle d’une détresse encore plus profonde. Au fond d’ateliers infects, dans une horrible confusion des âges et des sexes, pourrissait une population hâve, chétive, infirme et prématurément flétrie. Le travail était excessif, le salaire insuffisant. « Vos seigneuries, s’était écrié le comte Stanhope, à la chambre des lords[1] ne frémissent-elles pas en pensant au nombre des ouvriers incapables de gagner plus de trois ou quatre deniers par jour ? » De Birmingham, où les salaires, selon la déclaration du même lord, avaient été ré-

  1. Chambre des communes. Séances du 20-25 février 1830.