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l’estrade où se trouvait autrefois le trône, il n’y avait qu’un modeste bureau. Deux drapeaux tricolores flottaient au-dessus, en signe de victoire. Les armes de l’ancien royaume des Pays-Bas avaient fait place au lion belge, portant la lance surmontée du chapeau de la liberté. Pour qui sait à quelles puissances puériles obéit le cœur humain ; cet appareil était déjà une chance de succès promise aux partisans de l’indépendance.

En effet, le 18 novembre, le congres, à l’unanimité, proclama l’indépendance de la Belgique, sauf les relations du Luxembourg avec la confédération germanique. Cette décision, pourtant, était loin de répondre à tous les intérêts, à toutes les sympathies. De tous les points des provinces wallonnes, on avait envoyé au congrès des pétitions réclamant la réunion. Mais que pouvaient les partisans de la réunion à la France, lorsqu’ils avaient contre eux le gouvernement français lui-même ?

A dater de ce jour, la Belgique passa sans retour sous le joug de la diplomatie. Son indépendance rendait son esclavage inévitable. Le congrès ayant déclaré qu’il continuait au gouvernement provisoire les hautes fonctions dont les circonstances l’avaient investi, M. de Potter donna sa démission, ne voulant tenir son autorité que du peuple, et sentant bien que le congrès allait subir les plus tristes influences. En même temps, on créait un comité diplomatique composé de MM. Van de Weyer, de Celles, Destriveaux et Nothomb, ce qui était livrer la Belgique en proie à M. de Talleyrand et aux Anglais.

Vassale de la diplomatie, la Belgique ne pouvait