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s’ouvrit aux exhortations d’une bourgeoisie frappée d’épouvante.

Voilà comment les étrangers entrèrent à Paris. Que la capitale eût été en état de soutenir un long siège, rien de plus douteux, j’en conviens ; mais, pour sauver la fortune de la France, que fallait-il ? résister deux jours de plus ; car, le soir de la bataille, l’ennemi, séparé de ses parcs, avait épuisé ses munitions, et l’Empereur approchait.

Malheureusement, et j’insiste sur ce point, la chute de Napoléon était préparée à Paris de longue main. Le peuple des faubourgs avait inutilement crié aux armes ; les hommes qui occupaient alors la scène politique firent distribuer, sur la place de l’Hôtel-de-Ville, des fusils sans cartouches, et sur celle de la Révolution, des cartouches sans fusils. Napoléon, qui aimait tant le peuple en uniforme, avait horreur du peuple en blouse : il en fut cruellement puni. Il eut contre lui, en 1814, la bourgeoisie qui pouvait tout, et pour lui, la population des faubourgs qui ne pouvait rien. Il tomba pour n’avoir pas voulu être le bras de la démocratie.

Les troupes françaises, dans la soirée du 30 mars, avaient reçu ordre de se replier sur le Château-d’Eau. De là, elles furent dirigées vers la barrière d’Enfer. Lorsqu’à minuit on fit l’appel, le nombre des présents était de 1,800 hommes ! Comment cette poignée de soldats aurait-elle pu, livrée à elle-même, tenir en échec la foule innombrable des