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ment ce qu’il leur faut ? Est-ce que celui d’entre eux qui est en état d’aider la famille par ses travaux s’autorise de ses services pour confisquer la part de celui de ses frères qui n’est encore, pour la famille, qu’une charge ? L’action du double principe, posé plus haut, est ici bien évidente, et si l’on objecte qu’elle s’explique, en ce cas, par des liens naturels d’affection, impossibles à supposer entre des hommes inconnus les uns aux autres, le spectacle de ce qui a lieu dans un club fournit une réponse décisive. Là, une fois admis, chaque membre a le libre usage des journaux de la bibliothèque, de la salle où l’on fume, etc. Mais, dans le fait, chacun prend-il, de ces divers avantages, une part identique à celle de son voisin ? Non ; tel membre fréquente, de préférence, la salle de billard, tel autre la salle de lecture ; et celui qui ne fume pas paye volontiers sa cotisation destinée à la salle des fumeurs.

« À chacun selon ses besoins », voilà le principe sur lequel tout club anglais repose. Oui, au point de vue de la proportionnalité à établir dans la satisfaction des besoins de l’homme en société, un club est la mise en pratique du socialisme sur une petite échelle, son objet et son résultat étant de fournir, à tous les membres qui le composent, l’égale satisfaction de leurs besoins inégaux. Je pourrais multiplier les exemples, et montrer, par ce qui se voit journellement, combien est facile la réalisation de la doctrine en question, même pour ce qui touche aux besoins intellectuels et moraux. Que sont, en effet, les cours gratuits, les bibliothèques publiques, les musées, les parcs tels que Hyde-Park, les jardins tels que les Tuileries, sinon d’admirables emprunts faits par la société actuelle à l’idéal de la société future ?

Mais où chacun recevrait de la société ce qu’il faut, il serait nécessaire et juste que chacun fît pour la société ce qu’il peut. Et c’est ce qui aurait lieu volontairement, sans effort, et, à part même le sentiment du devoir, par le seul attrait du travail, dans une société, où l’accord établi entre les fonctions diverses et les aptitudes naturelles correspondantes aurait fait, du travail un plaisir ; car, de toutes les jouissances de l’homme, il n’en est point de plus vive que celle qu’il puise dans le libre, dans le volontaire exercice de ses facultés.

Si nous voyons aujourd’hui tant de paresseux, c’est la