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LE TRAVAIL AGRÉABLE


…Mais, avec des facultés, l’homme a reçu, de la nature, des besoins : besoins intellectuels, moraux et physiques ; besoins du cœur, de l’intelligence, des sens, de l’imagination. Or, quel moyen que chacun remplisse la fonction, pour laquelle la nature le créa, si les institutions sociales, qui pèsent sur lui, font obstacle à l’entier développement de son être en lui refusant la satisfaction des besoins inhérents à son organisation particulière ? D’où — dans les limites des ressources communes et en prenant le mot « besoins » dans sa plus large et plus noble acception — cet axiome qui correspond avec le premier et le complète : « À chacun suivant ses besoins. »

Là est le droit

Utopie ! ne manqueront pas de s’écrier les hommes superficiels, ou ceux à qui des investigations de ce genre sont tout à fait étrangères. Cependant, voyons un peu.

La première objection qui se présente aux esprits inattentifs, est l’impossibilité apparente de fixer la mesure d’un besoin. Objection étrangement futile ! La mesure d’un besoin est dans son degré d’intensité. Est-ce que nous ne cessons pas de manger, quand nous n’avons plus faim ; de boire, quand nous n’avons plus soif ; de marcher, quand nous sommes fatigués ; de lire ou de jouer, quand nous n’éprouvons plus le besoin de le faire ? il n’est pas jusqu’aux besoins morbides qui n’aient leur limite naturelle et infranchissable. La difficulté n’est donc pas de trouver une mesure à nos besoins, mais d’arriver à un arrangement social tel, que les prescriptions de la nature n’y soient contrariées par aucun obstacle conventionnel, né de cet arrangement même : comme, par exemple, dans la société actuelle, où l’on voit des paralytiques manquer de tout moyen de transport, tandis qu’il y a chevaux, carrosses à l’usage de gens à qui le mouvement serait bon pour la santé. Il est singulier que des faits où se trouve, manifestement, le germe des perfectionnements possibles de la société se passent chaque jour, sous nos yeux, sans que personne prenne la peine de les analyser. Dans la famille, est-ce que les enfants ne donnent pas proportionnellement ce qu’ils peuvent, et ne reçoivent pas proportionnelle -