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Pasteurs se ressouviennent toûjours, dit le Catéchisme du Concile de Trente (en sa Préface, num. 13. initio) que toute la science du Chrétien consiste à connoître le vrai Dieu & son Fils Jesus-Christ. Tout leur soin par conséquent, doit être de leur en procurer la connoisance. C’est ce que le saint Concile de Trente avoit lui-même fort recommandé aux Evêques & aux Pasteurs, en leur promettant un Catéchisme propre à instruire les Fidéles des choses nécessaires à salut. (Sess. 24. Decreto de reformatione, 3. 7. initio.) Si nous voïons, se récrie le dévot Gerson, les hommes aller chercher aux extrêmitez du monde les choses périssables ; s’ils ont un si grand soin d’amasser les biens de la terre, qui au sentiment de l’Apôtre, ne font que du fumier ; combien la négligence des Chrétiens qui ne pensent point au salut d’une ame immortelle, est-elle déplorable ? Combien plus est criminelle la méchanceté de ceux qui cherchent querelle & qui médisent des personnes charitables, qui s’intéressent à gagner à Jésus-Christ les enfans, & à les retirer de la voie de l’enfer ? Peut-on donc voir avec indolence ces édifices spirituels & ces temples vivans du Saint Esprit, se soüiller par les vices, & devenir la proïe des flâmes éternelles ? (L. cit. consid. 3. Paulo post initium.)

Est-ce donc en vain, que le Saint Esprit recommande si souvent dans la sainte Ecriture, de bien instruire & d’élever saintement les Enfans ? Enseignez-les, & C. 7. v. 25 prenez-en un grand soin dès leur enfance, est-il dit dans l’Ecclésiastique, Enseignez vôtre Fils, si vous voulez en recevoir de la consolation, & qu’il devienne dans la suite l’objet de vos délices, dit le Sage (Prov. 29. 17.) ? Combien de fois est-il recommandé aux peres & aux meres, dans le Deuteronome, d’enseigner à leurs enfans la Loi de leur Seigneur, & les bienfaits dont la main liberale les avoit comblez ? Quand vôtre fils vous interrogera là-dessus, leur disoit Moïse, aïez soin de lui dire : C’est le Seigneur qui nous a délivrez de l’Egypte par la force de son bras ; Et après lui avoir raconté tous les prodiges qu’il a faits, & l’avoir instruit de la Loi, ajoûtez : Le Seigneur nous a commandé d’observer toutes ces Loix, & de nous conserver dans sa sainte crainte. (Deuter. 6. v. 20. & suiv.) Les enfans étoient pareillement obligez par la Loi de Moïse, de se faire instruire par leurs parens, & d’aprendre de leurs bouches, leurs devoirs & le détail des obligations qu’ils avoient à Dieu. Interrogez votre pere étoit-il ordonné à l’enfant, & il vous instruira. Interrogez vos ayeux, & ils vous aprendront ce que vous devez sçavoir. (Ibid. 32. 7.) Quanta mandavit patribus nostris, nota facere filiis suis, dit là-dessus le Prophête Royal. Combien de choses le Seigneur a-t’il commandé aux peres d’aprendre à leurs enfans. En effet, ils se sont acquittez de ce devoir, dit le même Roi Prophête, car nos peres nous ont instruits, & ne nous ont point laissé ignorer les œuvres du Seigneur. Ils nous ont raconté les prodiges qu’il a faits & toutes les merveilles. (Ps. 77. 3. & suiv.) Ainsi par la Loi du Seigneur, aussi-bien que par le devoir de la nature, les parens devoient instruire leurs enfans, & les enfans devoient demander à se faire instruire. Tandis qu’Israël fut fidéle à cette obligation, il fut fidéle à son Dieu, & heureux : A mesure qu’il la négligea, il devint malheureux en devenant impie. Les enfans sans instruction croupirent dans l’ignorance de la Loi de Dieu ; & cette ignorance funeste les laissa s’engager dans le culte des faux Dieux. Que fit le saint Roi Josaphat, pour retirer son peuple de cette infâme idolâtrie ? Il envoya dans toutes les Villes de Juda des Grands de sa Cour avec des Prêtres & des Levites, qui portans avec aux le Livre de la Loi du Seigneur, le lûrent, l’expliquérent, & en instruisirent le Peuple. (L. 2. des Paralip. 17. v. 1. & suiv.) Juda instruit reconnut son Dieu, & revint à lui de tout son