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Toute autre Doctrine est la Doctrine, ou des hommes saints & pleins de Dieu, comme celle des Peres de l’Eglise, ou des hommes prétendus sages & sçavans, comme celle des Philosophes, ou des hommes malins & séducteurs, comme celle des hérétiques & des Novateurs ; ou des hommes passionnez, interressez, & sujets à se tromper & à tromper. Ainsi toute autre Doctrine ne peut pas porter le même caractére de divinité, de sainteté, d’infaillibilité, de vérité, d’autorité, ni par conséquent devenir nécessaire à sçavoir, ni obliger à sa pratique.

Toutes les Doctrines du monde, n’ayant pour objet que des choses périssables, n’ont pas une fin de plus longue durée. L’intérêt, le plaisir, l’honneur, la curiosité qui en font l’attrait ou le profit, se terminent au Tombeau. La Doctrine de Jesus-Christ est bien différente : le salut en est la fin directe & immédiate. Le Fils de Dieu n’est descendu du Ciel, que pour y élever les hommes. Toute sa Doctrine ne tend qu’à ce but. C’est pourquoi les noms, comme je l’ai dit, sont, la science du salut, la science des Saints, la science de Dieu, la science du Ciel.

C’est sur cette idée qu’il faut juger de l’importance de la fonction de Catechiste, & des personnes consacrées à tenir les Ecoles charitables. Les Professeurs de Philosophie n’ont point d’autre fin, que de donner une connoissance des choses naturelles à leurs Ecoliers : Les Professeurs en Medecine s’apliquent à enseigner à leurs Disciples la structure du corps humain, ses maladies & ses remedes : Ceux qui font des leçons de jurisprudence, d’éloquence, de Mathématique, &c. bornent leurs desseins à bien enseigner les Loix, les principes d’Euclide, & les régles de bien composer & de bien parer un discours. Ces Maîtres des sciences humaines, ne portent pas leurs vûës plus haut. Leurs leçons n’aprennent rien sur le salut, ni sur les moyens de le faire. Une fin si élevée, si noble, & si heureuse est réservée pour ceux qui enseignent la Doctrine Chrétienne.

3. Cette Doctrine renferme tout ce qu’il faut croire, éviter, faire, craindre, & desirer pour être sauvé.

En effet, que renferme la Doctrine Chrétienne ? Tout ce qu’il faut croire, éviter, faire, craindre, & desirer pour être sauvé. Qu’est-ce qu’aprend le Catéchiste ? Ce que Jesus-Christ a enseigné lui-même, & ce qu’ont enseigné les Apôtres après lui. De quelque côté qu’on envisage la Doctrine Chrétienne, elle presente les caractères de la sainteté, & de sa divinité. La sublimité de ses Mystéres, la pureté de sa Morale, l’équité de ses préceptes, la sainteté de ses maximes, la perfection de ses conseils, la terreur de ses menaces, l’étenduë de ses promesses, font sentir qu’un Dieu en est l’auteur.

Qu’on compare avec elle la doctrine des Philosophes & des Sages de la terre, si on veut sentir la différence de la doctrine des hommes & celle de Dieu. Celle-ci tient de son principe & ressemble à son Auteur ; elle a une perfection consommée. Rien en elle qui ne soit digne de Dieu, & qui ne sanctifie l’homme. L’esprit humain ne pouvoit être l’ouvrier d’un plan de doctrine si-bien lié & si-bien suivi d’idées si surnaturelles, de sentimens si nobles & si élevez, d’une Morale tout à la fois si conforme & si supérieure à la droite raison ; enfin d’un plan de conduite si sanctifiant. Il est impossible à l’homme d’imaginer un système de doctrine plus parfait. On peut dire qu’elle participe à la perfection infinie de celui qui en est le Maitre & le Docteur. Ses promesses ne peuvent être plus magnifiques, ni ses menaces plus terribles ; sa morale ne peut être plus pure, ni ses maximes plus saintes ni ses préceptes plus justes, ni ses conseils plus parfaits. La gloire de Dieu en est l’objet, la charité du prochain en est le lien, la sainteté de l’homme en est l’effet l’amour de Dieu en est le mérite, la félicité éternelle en est le terme. Cette doctrine est si raisonnable, qu’on cesse de l’être quand on ne la suit pas. Elle est si équita-