Au Rieutort, la maie bête avala tant et tant d’eau, qu’elle se débonda tout à coup. Cela fait, elle repartit, comme si le Diable l’emportait.
À force de se démener, Grain-de-Millet finit par se tirer d’affaire, et courut se débarbouiller au Rieutort. Certes, ce n’était pas sans besoin.
Tout en se débarbouillant, il aperçut un homme haut de six pieds, noir et barbu. L’homme semblait impatient, et regardait les étoiles. Quand elles marquèrent une heure de la nuit, il imita le cri du hibou :
— « Tchot ! tchot ! tchot ! »
D’autres cris lui répondirent :
— « Tchot ! tchot ! tchot ! »
C’étaient des voleurs de bétail, qui revenaient de faire leurs mauvais coups chez les moines de Bouillas[1], chez le comte de Lamothe-Goas[2], chez l’évêque de Lectoure[3], et à la métairie de Lacouture. Ces gueux ramenaient à leur capitaine je ne sais combien de juments, de poulains, de veaux, de bœufs, et de vaches.
— « Allons, camarades, vous n’avez pas perdu
- ↑ Abbaye de Bernardins, située dans la forêt du Ramier.
- ↑ Le château de Lamothe-Goas, compris dans l’ancienne vicomté de Lomagne, et aujourd’hui dans le canton de Fleurance (Gers), est peu distant de la forêt du Ramier.
- ↑ Avant la Révolution, les évêques de Lectoure avaient leur maison des champs à Tulle, dans la vallée du Gers, à médiocre distance de la forêt primitive du Ramier.