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Les gens avisés

— Pourquoi je le rosse ? Pourquoi je le rosse ? Figurez-vous que cet animal a si peu de sens, qu’il se couche sous les chênes, pour attendre que les glands tombent, au lieu de monter les cueillir parmi les branches. Allons ! méchant porc, monte vite. Pan ! pan !

— Femme, les porcs ne sont pas nés pour monter aux chênes. Prêtez-moi votre gaule, et vous allez voir. »

En quelques coups de gaule, Jeannille fit tomber un quartaut de glands, que le porc avala jusqu’au dernier.

— « Adieu, femme. Profitez de la leçon.

— Merci, mon ami. »

Jeannille repartit. Une heure après, le ciel se couvrit de nuages noirs. L’orage n’était pas loin. Sur la porte de sa maison, une femme, tenant une fourche, tâchait de jeter dedans une grande pile de noix vertes.

— « Femme, que faites-vous là ?

— Ce que je fais ? Vous le voyez bien. J’avais mis ces noix vertes à sécher au soleil ; et je tâche de les jeter dans la maison, par crainte de l’orage. Mais ma gueuse fourche ne veut pas faire de bon travail.

— Femme, laissez là votre fourche. Apportez-moi une pelle. »

La femme apporta une pelle. Un quart--