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Les gens avisés

tenant que je suis mariée, le Bon Dieu me doit un enfant. Par malheur, il n’y a pas de berceau chez nous. Ceci me donne à penser.

— Nous avions le tien, ma fille ; mais il est pourri depuis longtemps. Ce berceau était un présent de ta pauvre tante ma sœur. Jamais on n’a vu le pareil. Pourtant, il avait coûté bien bon marché. »

La mère s’assit à côté de sa fille ; et toutes deux se mirent à bavarder, comme des pies, à propos du berceau. Une heure après, elles n’étaient pas encore revenues.

— « Beau-père, dit Jeannille, allez donc voir ce que peuvent faire ma femme et la vôtre. Il faut que je demeure ici. Pourtant, je crève de soif. »

Le beau-père partit, et trouva sa fille et sa femme, qui devisaient au bord de la fontaine, avec la cruche vide à côté.

— « Père, vous arrivez bien à propos. Il me faut un berceau, pour le fils que le Bon Dieu me doit. Nous devisions de cela, moi et ma mère.

— Je vois, dit le père, que vous êtes en dispute ; mais j’ai le moyen de vous accorder. Il n’est pas vrai que le berceau que nous avions fût un présent de la pauvre sœur de ma femme. Ce fut moi qui le tressai. Quand notre fille fut grande, je voulais le troquer contre un dindon.

— Mon homme, tu ne sais pas ce que tu dis.