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CONTES FAMILIERS

père n’avait pas le cœur à chercher des champignons. Tout en marchant, la jolie fille semait les graines de lin qu’elle avait dans ses poches, comme sa marraine le lui avait dit. Enfin, le père se jeta dans un fourré, sans être vu, laissa la jolie fille seulette, et revint dans sa maison à l’entrée de la nuit.

— « Eh bien, mon homme, as-tu fait perdre ta fille ?

— C’est fait.

— Eh bien, mon homme, pour ta peine, tu vas manger avec nous une assiettée de bouillie de maïs. »

Tout en mangeant la bouillie, l’homme pensait à la jolie fille, qu’il avait abandonnée toute seulette dans le bois, et disait :

— « Ah ! si la pauvrette était ici, elle mangerait aussi sa portion de bouillie.

— Je suis ici, père, répondit la jolie fille, qui avait retrouvé son chemin au moyen des graines de lin, et qui écoutait à la porte. »

Le père fut bien content de voir la jolie fille revenue, et mangeant sa portion de bouillie de bon appétit. Mais quand elle fut allée se coucher avec sa sœur, la marâtre lui dit :

— « Tu es une bête. Tu n’as pas conduit ta fille encore assez loin. Ramène-la demain dans le bois, et tâche qu’elle ne revienne pas. »