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Les gens avisés

— Princesse Triste-Mine, je ne suis pas un forgeron comme les autres. L’or et l’argent ne me manquent pas. Henri IV, je ne suis pas un forgeron comme les autres. Vous allez voir ce que je sais faire. »

Mais le grand cheval blanc, Brise-Fer, se méfiait. Il se cabrait, il ruait, il hennissait à se faire entendre à plus de sept lieues. Le Forgeron ne faisait qu’en rire.

— « Grillon, fais ton métier. »

Aussitôt, le grillon sauta dans l’oreille du grand cheval blanc Brise-Fer, et se mit à chanter tant qu’il put :

— « Cri cri cri. Cri cri cri. Cri cri cri. »

Assourdi par ce tapage, le cheval eut bientôt fini de se cabrer, de ruer, et de hennir. Doux comme un mouton, il baissait le nez à terre.

— « Rat, fais ton métier. »

Aussitôt, le rat sauta sous le nez du grand cheval blanc, Brise-Fer, et se mit à péter et à vesser tant qu’il put.

— « Pau ! pan ! pan ! Ft ! ft ! ft ! »

Pets et vesses empestaient le tabac, dont le rat avait coutume de se nourrir. À cette odeur, le cheval s’endormit.

Alors, le Forgeron le ferra des quatre pieds, lui mit la bride et la selle, et sauta dessus, sans peur ni crainte.